Un programme bien établit vers le vagabondage de la gomme sans tambour ni trompette, mais une majorette de rêve la yellow cab. Cette marque jaune et noire que le monde entier envit dans le milieu cycliste, me suit, ne lâche rien pour parvenir à tous mes besoins, on la nomme MAVIC. De l'étage au grenier habillé en Mavic, Francois Xavier Blanc the big boss m'a gracieusement offert cette panoplie magique pour mon odyssée de l'endurance en fixie. J'ai connu des fièvres de chaleur, ivresse, souffrance, douleur, parfois coupure électrique et eau à tous les étages, mais jamais un renoncement au sillon qui me mène au finish line Nice. Malgré les parasites que l'on invente ou imagine sur ces défis hors norme pour un arrêt inutile il faut essayer de les éliminer psychologiquement. Lors de mes ascensions sous des températures caniculaires, je préconisais des arrêts de quelques minutes. Arrosage d'eau fraîche, frictions des jambes, nuque, tête, le manque d'oxygène en altitude m'apporte d'autres douleurs, brûlure des poumons et musculaires qui viennent s'inviter au 5e col (Madeleine) de la journée. Obligé de quitter la selle quelques mètres pour marcher au côté du fixie, après des massages et assouplissement, je continue à gravir péniblement le sommet qui est là. Sur de telles ascensions, la patience paye, ne pas s'affoler, être à l'écoute de son corps, garder un rythme cardiaque régulier, un pédalage souple dans un accomplissement d'efforts soutenables et tout doit rentrer dans l'ordre. Auparavant, les cols de Jambaz 1er (1027m) de la Colombiere 2em (1613m) des Aravis 3 em (1486m) des Saisies 4em (1160m) la chaleur a joué sur mon métabolisme perte de poids, sudation intense, manque d'appétit. La vallée bouillonnante apporte sa lourdeur, le vent chaud ordonne à votre corps de fondre dans cette odyssée du pédalage en permanence. Le Glandon 6 em(1924m), Croix de Fer 7 em(2067m), Télégraphe 8 em(1566m) moins d'ennuis musculaires, mais que d'efforts déployés durant ces 320km.
Pose au sommet du Télégraphe une tasse de thé, massage physique et verbal et zou.
Le Galibier 9 em (2645m) le légendaire du cycle, sur ce bitume torride une fournaise de rider s'empresse de gravir ce mythe, alors que c'est l'heure de rester à l'ombre devant une canette de quézac. Au bout du cintre, la légende vient d’être ingérée au mental, le corps est resté bien avant le sommet du Galibier. J'en fini dans un cortège de suiveurs, voyeurs, interrogateurs. Mais qui est ce mec-là, suivi de la yellow cab Mavic.
Dans cette vallée qui me draine à Briançon, la lourdeur des coups de pédales, confirme l'étouffante chaleur. L'assistance me propose un repos de 30 mm à l'ombre des platanes d'une cour de récréation. Le réveil fut des velociférations envers leurs personnes, je m'en excuse profondément, n’étant pas dans mon cycle de sommeil, j'étais certain d'avoir roupillé une éternité. Le voyage intérieur prend fin, au pied du col de l'Izoard animé d'une compulsion à aller de l'avant. Je n’aperçois plus de dérobade de mon esprit ni de mon corps, l'envie de propulser le fixie m'ouvre l’appétit dans tous les sens du terme.
Une liaison en 42/17 est effectuée durant mes transhumances pneumatiques entre chaque élévation, au pied du Col du Var, redoutable dans les premiers lacets. Je me construis une barrière d'imagination positive pour vaincre une douleur qui me torture le bas du dos dans ces fortes inclinaisons. Des arrêts lors des ravitaillements en eau m'obligeront des massages conséquents pour calmer ce mal. Discussion, boisson chaude briefing au bar (Var les Claux ) je ne m'attarde pas au confort de la banquette il faut terminer ce col, pour rejoindre dans une acrobatie déroutante la dégringolade de St Paul sur Ubaye. Jausiers un sandwich de sommeil, toilette, ravito liquide chaud, solide et zou. Le nez dans la Bonette, le cintre sur la montagne Eric et Delphine me suivent dans cette kermesse de la grimpette, Le petit cortège s'est scindé en deux, une évasion de courte durée pour la yellow cab qui demande du carburant ainsi que la chilkootmobile,
Le pourcentage est raisonnable durant les premiers lacets, la nuit envoûte le mouvement, procure des sensations bizarres, pas de profondeur tout se passe au bout de la potence. L'altitude rend une fraîcheur pénétrable sur mon corps bien entamé de cette heure matinale 3h 30mm. Eric et Delphine, un sourire, geste de la main un encouragement dans une gentillesse velouté me double pour la continuité du film. La yellow cab reprend sa place stratégique à l'avant-poste, la chilkootmobile poursuit sa route pour consulter et indiquer l'itinéraire avec un œil sur l'état de santé du cavalier.
La bonette est toujours présente, je suis dans les parties dures et pentues, virages en épingles dont un raidard à 12 %, ensuite une série de lacets et des moyennes proches de 8 %. Un décor minéral à couper le souffle, une illusion d'être au bout du monde. Ma progression se fait dans la douleur, le mal au dos réapparaît, chaque coup de pédale vaut un gémissement. Une courte halte, massage, friction, un partage d'encouragement de Marco et Fa et zou, le mal et moins violent, le jour apparaît nous voilà en vue du sommet qui reste bien distant des coups de pédale à parcourir. Enfin l’embranchement dépassé, la Cime de la Bonette va être terrassée.
Arrivant devant l'édifice à 2 802 m, le belvédère est vaincu. La route impériale qui devint Nationale pendant la République et départementale actuellement me laisse un bout de chemin pour parvenir dans la vallée de Tinée . Les jambes et les mains endolories par l'inclinaison de cette descente périlleuse, durant une vingtaine de kilomètres pour atteindre St Etienne de Tinée. Un congé sur la terrasse du bar, le staff réuni pour les dernières infos de notre pérégrination. Fini, les grands dénivelés, un autre cavalier au bout du cintre vient de s'installer sur le fixie. Je respire le sable, le sel, les vagues, le ruban d'asphalte se déroule jusqu'à Nice. Devant une mer calme, la guidoline en vrac, Durant cette progression Flo est à l'écoute de mon corps a la moindre nécessité, il agit dans l'immédiat. Marco et Fabrice sautent sur tout se qui pédale, Luk et Pierre-Olivier dans l'ombre du projecteur, Eric et Delphine pour un final d'une projection éblouissante. La victoire, la vraie est celle qu'on trouve au plus profond de soi même, dompter son corps, apprivoiser ses limites et ses peurs. Se dépasser et transformer ses rêves en réalités.
Une kermesse de 53h / 12 Cols / 24591Dénivelé/ 596,4km nonstop.
Fixivement Thierry
(CR à venir ParisBrestParis)